C'est le grand jour. J'ai dormi en pointillé, excité à l'idée de ce qui nous attend.
L'excellent petit-déjeuner servi par notre hôtesse est avalé en silence. Les bagages sont chargés et à 08h00 nous sommes prêts à partir. Il fait déjà chaud.
Nous mettons le cap au sud vers Nordooz, ville du passage frontière. Nous empruntons une vallée dominée par de hautes montagnes. Si la chaleur règne dans la vallée, certains sommets autour de nous portent encore des traces de neige. La végétation se fait plus rase. Je prends quelques photos avant d'arriver au poste frontière car cela sera impossible après.
Le passage de la frontière arménienne se fait sans difficulté en 30 minutes environ. Arrivés au niveau du poste frontière iranien, nous sommes attendus par un collaborateur de Hossein. Il ne parle pas le français et parle très mal anglais. Mais il nous fait comprendre que nous devons lui confier nos passeports et les cartes grises de nos motos. Puis il nous demande de patienter dans le poste frontière. Nous nous asseyons et nous attendons. Vu la taille des banquettes, il n'est pas inhabituel d'attendre ici...
Hossein nous avait prévenu, ce sera long, il faut prendre notre mal en patience. N'ayant rien d'autre à faire, j'observe le rôle de notre "facilitateur". Un à un, il fait le tour des innombrables guichets en s'insérant, dès qu'il en voit la possibilité, entre de nombreux autres candidats au passage, des routiers pour la plupart, qui doivent faire vérifier leur cargaison et leurs certificats. Après chaque guichet, il passe près de nous en nous faisant un signe, pouce levé: "No, problem, it's good". Il vaudrait mieux parce que le poste frontière, assez grand, ressemble à une ruche au va-et-vient incessant et dont le bourdonnement est incompréhensible pour nous.
Au bout de près de 4 heures, notre intermédiaire revient tout sourire et nous fait comprendre que c'est fini, tout est en règle. Il nous rend nos passeports et cartes-grise et il y ajoute nos CPD tous neufs et l'original des certificats d'assurance.
Epuisés de n’avoir rien fait, nous enfourchons nos motos et nous dirigeons vers la dernière barrière. Nous présentons nos documents qui sont tamponnés une dernière fois et la barrière se lève.
Ça-y-est, nous sommes en Iran ! Je roule quelques dizaines de mètres et je m'arrête pour immortaliser l'évènement.
Pour rejoindre Tabriz, nous avions choisi la route la moins fréquentée et la plus viroleuse, qui part plein sud de Nordooz à Tabriz. En ce début d'après-midi, la température est supérieure à 30 degrés. Nous découvrons un paysage totalement différent, semi-désertique, aux couleurs écrasées par le soleil.
Nous arrivons à Tabriz en fin d'après-midi. C'est une ville de plus d'1,5 million d'habitants. Autant dire que la circulation est dense. Il fait 35 degrés et nous transpirons à grosses gouttes.
Après avoir échoué à trouver un hôtel adapté à nos souhaits, nous avons choisi de camper dans un parc au sud de la ville que nous avons eu beaucoup de mal à trouver. Heureusement, un professeur de français à la retraite, heureux de pratiquer la langue avec des français, s'est proposé pour nous rendre service et nous guider. Le parc, très fréquenté par les Tabriziens le soir et le W.E, fait également camping. Une fois sur place, je monte ma tente pour la première fois depuis... Samsun, en Turquie. Mes deux compères ont choisi de s'installer dans une des tentes en dur proposées par le camping.
Les iraniens pratiquent peu le camping tel que nous l'imaginons chez nous. Ainsi, dans ce camping il n'existe pas d'emplacement dans lequel je pourrai planter mes piquets, mais des plateformes bétonnées prévues pour recevoir une structure de tente de type militaire. Je fais au mieux en priant pour que le vent ne se lève pas...
Nous sommes arrivés en plein ramadan qui a débuté avant-hier. La rupture du jeûne a lieu vers 21 heures (j'ai à peine fini d'installer la tente). Un nombre impressionnant d'habitants s'est réuni près de notre "camping", autour d'un grand bassin au centre d'une place, pour manger et faire la fête jusqu'à fort tard... Après avoir pris une douche bien méritée, nous nous promenons sur cette grande place et trouvons un restaurant pour rassasier notre faim. Pendant notre déambulation, nous avons été sans cesse abordés par des iraniens et des iraniennes, toujours très accueillants et désireux de savoir pourquoi nous étions ici et ce que nous pensions des iraniens.
C'est vers minuit que nous pouvons enfin prendre un peu de repos après une journée excitante et exténuante. Demain nous nous accorderons une grasse matinée puisque nous avons décidé de rester pour visiter un peu la ville.
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Le lendemain, comme prévu nous prenons un taxi pour nous faire déposer au centre-ville. Au programme, changer des euros contre des rials puis visite d'une partie de la ville (Grand Bazar, porte de l'ancienne citadelle, Mosquée bleue).
En rejoignant la station de taxi située non loin de notre "camping", nous traversons à nouveau la place et son grand bassin.
Une fois déposés au centre-ville, c'est au centre d'information municipal que nous faisons halte en premier. Il faut dire qu'alors que nous regardions les taux pratiqués dans la vitrine d'un bureau de change, nous avons été hélés dans la rue par un homme parlant français qui se révèle être le responsable du centre d'information. Une fois dans son bureau, il nous donne quelques documents sur Tabriz et nous délivre quelques conseils.
Il nous alerte avec insistance sur le danger à changer de l'argent auprès des changeurs de rue. Il nous propose alors de faire venir quelqu'un qui pourra nous changer des euros a un bon taux. Quelques minutes après, l'homme arrive. Il s'agit en fait du frère de notre responsable... Tout s'explique. Cela semble être une affaire qui roule pour nos deux frères. Le taux étant meilleur que celui des boutiques officielles, nous faisons affaire avant de prendre congé et de nous diriger vers le grand-bazar tout proche.
Semblable à un immense marché couvert à l'architecture ottomane, on y pénètre par une des nombreuses portes réparties tout autour. Difficile de ne pas se perdre dans le dédale de ruelles bordées d'une multitude d'échoppes. Tissus, épices, tapis, électronique, bijoux, on trouve de tout ici:
Nous quittons la fraicheur du bazar pour aller voir une ancienne porte d'entrée de la ville ainsi que la mosquée bleue de Tabriz.
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La suite: de Tabriz à Ispahan